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GÉRARD DE NERVAL

passe des heures entières à me retrouver… Croyez-vous que c’est à peine si je peux écrire vingt lignes par jour, tant les ténèbres m’envahissent !… »

Son ami le rassura de son mieux, comme il devait le faire, et le plus délicatement possible ; mais Gérard secouait toujours tristement la tête d’un air de doute qui prouvait qu’il en savait plus long sur l’état de son âme que ne le supposaient ceux qui le voyaient le plus fréquemment.

Il avait besoin de se retrouver seul — pour se chercher. Il remercia son ami, après l’avoir accompagné jusqu’à l’extrémité du passage Véro-Dodal, et entra dans le café qui donne sur ce passage et sur la rue Croix-des-Petits-Champs, en face de la rue Montesquieu ; il avait, disait-il, à lire les journaux et à écrire quelques feuillets d’Aurélie. Son ami le quitta, non sans avoir insisté de nouveau pour lui faire accepter un peu plus d’argent qu’il ne lui en avait demandé, — et toujours aussi inutilement.