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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/106

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le p’tit gars du colon

bois, sous le pied trop court. Et encore, et encore se croiser leurs phrases d’amour filial :

— Qui restera surpris ? C’est papa.

— Et qui sera content ?

— Papa.

— Bien content pour sûr.

— S’en vient-il, notre papa ?…

∗∗∗

Lui n’entendait rien que les bruits sourds de la forêt : les coups de haches des bûcherons, distants, bientôt plus rapprochés, et qui semblaient brusquement très lointains lorsque le vent, par intermittence, les emportait vers le nord ; parfois le hennissement d’un cheval de chantier… la Grise dressait alors les oreilles et marchait, plus confiante, vers cet appel.

Mais nul tracé n’indiquait sûrement la route. La veille, au soir, bien tard, dans les ténèbres, on avait continué trop loin, dépassé la rivière, car il venait de traverser sur la glace épaisse, à faible distance de leur confluent, la Petite et la Grande Péribonca.

Cette plaine déboisée, à sa droite, et dont il se rapprochait, c’était bien le grand lac parcouru la longue journée précédente. Il faisait donc fausse route. Sa colère éclata ; il s’en prit à la jument. Évidemment c’était sa faute !