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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/107

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l’installation dans le bois

— « Trouve ton chemin, trouve ton chemin, la Grise !… »

Il se levait dans son traîneau, frappait des guides ramassées la bête essoufflée.

— « Le trouveras-tu, ton chemin ?… ma vieille pas fine de jument ! Marche ! marche donc, que j’te dis… »

Et la bête renâclait, se dépêtrait, par bonds désespérés, des bancs de neige, sous l’avalanche brutale des coups et des paroles dures. On remontait vers cette Péribonca très large qu’il fallut traverser une seconde fois. Pour la Grise, ce fut un soulagement, ces arpents de glace sans neige résistante, balayée par le vent ; la colère de l’homme s’apaisa. Elle gronda soudain, menaçante, à mi-côte de la berge raide.

Mais la bête, d’un coup de collier suprême, arrivait au sommet… et débouchait sur la piste durcie des traîneaux de charge du chantier. Gaudreau lui fit prendre vers l’est l’orientation probable des magasins et des bureaux.

De fait, bientôt apparut, encadrée de hautes épinettes, l’énorme bâtisse de bois pour les divers services de l’entreprise forestière.

Dans ces immenses étendues, au nord du lac, des camps de bûcherons se formaient, chaque hiver, pour la coupe régulière des billots.

Le commis-chef était un Anglais jovial, humoris-