Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
le p’tit gars du colon

Et la troupe démarra.

∗∗∗

En tête, Carcoua, silencieux, impassible, ayant la peine de fouler la neige, mais l’honneur de conduire l’expédition. Suivait Arthur Tremblay, conscient de sa dignité, fumant largement, s’arrêtant parfois pour noter sur un calepin l’espèce et la valeur des arbres rencontrés. Cela lui donnait double prestige d’homme lettré et de chef forestier. Derrière lui, mais à distance, le gros Martel, traînant tant bien que mal son embonpoint sur la piste devenue collante ; pestant contre les branches d’épinettes, lui giflant ses belles joues rubicondes ; s’empêtrant, jambes et raquettes, dans les fouillis d’aulnes… On s’amusait de ses colères. Il aimait, au fond, qu’on s’occupât de lui, même à ses dépens.

Bon quatrième, pied ferme, devançant Gaudreau qui s’en venait sans trop parler, Jean-Jean, bavard, joyeux, exclamant son enthousiasme jeune en expression et bel accent du vieux pays :

— Mon Dieu ! mon Dieu ! que c’est magnifique ! c’est ravissant ! Mais voyez donc !… voyez donc !… cette épinette ! et ce pin ! Mais là… là… ce gros mérisier !

Martel riait parce que c’était un bouleau, (le petit Français se brouillait un peu dans les varié-