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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/119

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une nuit d’angoisse

tés) et les autres riaient et pensaient que « ce gros mérisier » s’appliquait au gros Martel.

Et très versatile, Ji-Ji s’impatientait aux mauvaises passes :

— Ah ! mon Dieu ! Mon Dieu ! dites donc, vous autres, quel chemin ! quel chemin !… Épouvantable !… Chez ; nous…

C’était là son défaut qui déplaisait aux Canadiens : trop souvent revenait la comparaison « chez nous, en France… »

Le contremaître s’énerva, s’arrêta net et lança, martelant ses mots :

— Tu sais, petit Français, chez toi, c’est chez toi ; et chez nous, c’est chez nous… À chacun son pays.

Jean-Jean rougit un peu, sourit, et très poliment :

— Monsieur Tremblay, mais je l’aime, votre pays : il est si beau !…

Le mot fit plaisir, surtout qu’on le sentait venir du cœur…

Vraiment c’était un excellent garçon.

La paix fut faite.

∗∗∗

Moins heureux, là-bas, laissé seul, Jos. Laforêt maugréait contre sa besogne. Pourtant n’était-ce pas une marque de confiance qu’on lui donnait ?

Ah ! cette « saprée » ligne droite ! ce qu’il en avait, de la misère !