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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/154

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le p’tit gars du colon

que chez lui, stabilisé dans son bonheur : les sillons, le soleil, l’Angelus, trois fois par jour…

Il ne sait pas que ce n’est qu’une halte… qu’il faudra repartir dans dix mois, vers la misère, dans l’abandon, pour la souffrance du corps et pour la souffrance de l’âme… Oh ! non, non, n’en dites rien, mais rien, pas un mot… Pauvre petit gars : laissez-lui son bonheur… Anges mystérieux qui feuilletez l’avenir, taisez-vous : ne troublez pas son bonheur…

Est-ce donc qu’il rêve encore, petit François ? Il est à genoux : il a joint ses deux mains pour l’Angelus

Et maintenant qu’il a prié gentiment, c’est mieux qu’un rêve : c’est une pensée, la vision plus douce, plus réelle, l’évocation des joies plus vraies.

Le son de la cloche, d’où venait-il ? Il a regardé par la lucarne, sortant ses deux épaules pour mieux voir, et voici… La brume, comme un grand lac, scintillait de soleil entier. Puis, à droite, sur une hauteur où sont des épinettes en bordure, par touffes charmantes, la chapelle de bois, la silencieuse église de mission, le clocher blanc, tendu vers le ciel de tout son naïf élan…

Le ciel est si haut… petit François a levé ses deux yeux pour mesurer la hauteur… Rien que du soleil et du bleu ! Rayonnement ! Éblouissement !!!