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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/153

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une halte au soleil

voix décidée les excite : moût’ moût’ moût’… marchez, les p’tits moutons. »

De derrière la maison débouche celle qui lançait la terre et les commandements brefs. C’est une fillette, déjà debout, la petite, pour son labeur quotidien ; et, son troupeau devenu très sage dans le pré flairant la menthe, son petit monde broutant l’herbe neuve, humide, où parfois sont accrochés de légers diamants, gouttelettes au soleil, la bergère s’est mise à chanter… Ave, ave, ave, Maria !

C’est une fleur rose et blonde, une fauvette gazouillante, une âme chrétienne, petite gardeuse innocente aimant Jésus et Marie, Jeanne d’Arc, ou Bernadette, enfant de Saint-Méthode, fillette de colon : toutes sont sœurs.

Et petit François, lui, qui n’a pas de petite sœur, trouve que ce devrait être une bien bonne chose d’en avoir une pour partager, dans la vie, ses joies et ses peines.

Il lui semble qu’une petite sœur chante mieux que l’oiseau ; brille, plus mignonne que la fleur… Quel rêve le distrait ?

Les minutes ont filé si vite dans la lucarne ensoleillée. Cinq heures… un son de cloche… L’enfant tressaille : l’Angélus

Oh ! la joie sainte ! L’émotion pieuse… comme hier soir… meilleure : il est arrivé, il est pres-