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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/157

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la dernière étape

Mais de cet espoir qui s’ouvre, à sa réalisation pleine, que de journées encore vont s’éterniser dans la souffrance et l’inquiétude ; dans l’apparition tenace du froid, de la faim, des tempêtes sur le lac : les trois spectres de son désert… jusqu’à cette morsure du doute et de la jalousie qui le fera pleurer, le p’tit gars sensible et timide.

Une crise d’âme survient brutalement : ce sera le salut ; ce pouvait être la désertion de l’idéal aimé depuis toujours. Les voix chaudes et caressantes : la voix de sa maman partie pour le ciel, et qui de là-haut, veille toujours ; la voix de l’ami Gilles, l’ange protecteur de sa destinée ; la parole simple et tendre de sa Philomène… et voici petit François tout « reviré » ! La grande décision est prise. Adieu, le moulin désespérant, sa planche monotone, et la misère d’une vie morne et aléatoire, au jour le jour, d’un métier sans horizon.

Le sillon va s’ouvrir dans l’abatis du jeune colon. Seize ans ! Bras et cœur vaillants feront l’ouvrage d’un homme. Le grain semé lèvera et donnera ses premières moissons. C’est du soleil et du pain, quand tombe la forêt sous la cognée du défricheur.

Une nouvelle page de l’histoire du « p’tit gars du colon »…

Petit François, c’est déjà presqu’un homme. Il fondera son foyer.