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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/28

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le p’tit gars du colon

vres de sa mère : Jésus, Marie, Joseph… Et que, très vite, on redit sans faute, parce que l’âme en est touchée ; parce que, pleins de grâce, ils vibrent d’onctueuse mélodie ; les trois mots qu’on n’oubliera jamais dans les orages de l’existence ; et qui reviendront, cri suprême d’espoir et de repentir, aux agonies parfois désolantes des vies bouleversées : Jésus, Marie, Joseph !

Tout doucement le programme s’étend ; prières du matin, du soir, des repas ; l’angelus ; le rosaire ; les saluts à la croix et devant l’église…

Et quand tout est connu de ce qui sauve pour les cieux, l’autre leçon, celle des choses qui donnent le bonheur calme et le pain quotidien.

∗∗∗

Est-ce un rêve ? François est assis devant son papa qui le tient de moins en moins, sur le cou du haut cheval dont il serre, un peu courbé, deux menottes crispées, la rugueuse crinière.

Il arrive à se tenir, le buste droit, bien seul, en plein milieu du long dos, frappant des talons les vieux flancs à côtes saillantes.

Il se retourne, rieur, vers le cher papa venant à pied, par derrière…

« Marche ! marche ! papa… »

Marche ! La monture prend l’ordre pour elle, se réveille, sursaute. Comme des deux mains folâtres, redevenues craintives, François se cram-