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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/41

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le jour du seigneur

jours de la semaine — sur le siège d’arrière, la mère ; à son côté, bien droit sur la banquette de crin, Théodule, le sage enfant qui sourit toujours, quand tout lui plaît ; à l’avant, le père ; son grand fils Aimé, puis, entre eux deux, François, ravi, riant, babillant, regardant de droite, de gauche, se retournant : « Maman, maman, voyez !…» sur la route de sable d’un bond soudain, sous le museau de la Grise, passe un lièvre effaré. Un papillon voltige, qu’il veut saisir ; de hautes fleurs rouges de savanes ouvrent leurs corolles en grappes qu’il faut cueillir :

— Ho ! ho !… la Grise : arrête !…

— Marche ! marche ! fait le père ; jamais nous n’arriverons.

D’un chemin creux, dont les bords se rapprochent, et qui descend dans la ravine feuillue, une fraîcheur moite et parfumée s’élevait des flaques d’eau formées par la pluie nocturne. Des épinettes sombres se dressent sur les deux berges, et tout d’un coup l’impasse devient noir et triste !… sans plus de soleil ni d’horizon…

Mais une hirondelle, une seconde, et d’autres, et d’autres quittent leurs nids profonds creusés dans les parois sableuses de la côte, et d’un vol rapide, et d’un appel joyeux réveillent tous les espoirs.

Va, va, la Grise !…

Les clartés renaissent ; l’espace s’élargit. Le ra-