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le p’tit gars du colon

vantes parfois, mais toujours aimées, sourire des statues, cœur à cœur fraternel du visible et de l’invisible : le dimanche était, jadis, (il l’est encore dans nos bonnes campagnes) le jour béni, le plus consolant, le plus vivement désiré.

Ils montèrent par les rangées de bancs où déjà priaient quelques fidèles, jusqu’à la balustrade, s’agenouiller plus près du tabernacle.

— Vois-tu, mon François, la petite porte au dessus de l’autel ? c’est là qu’habite Jésus. Tu l’aimes, n’est-ce pas ?… Demande Lui qu’il te bénisse… Prie pour ton papa, pour ta maman…

L’enfant comprit, regarda ses deux frères qui très pieusement disaient leur prière, et les imita.

Soudain, vivement, de droite et de gauche, du fond du sanctuaire, la double théorie des servants, petits et moyens, une vingtaine…

Ah ! ce qu’il ouvrit les yeux !

Vingt robes rouges, vingt blancs surplis évoluèrent sur deux rangs. Puis Monsieur le Curé s’avança en belle aube dentelée, en chape magnifique. De quel timbre sonore, il entonna l’« Asperges ! » Et du jubé, là-bas, à l’autre bout de l’église, par dessus la foule, des voix lentes et puissantes continuèrent l’antienne.

Et les yeux se refixèrent sur l’autel, et sur les vingt acolytes blancs et rouges, et sur le prêtre qui descendit les degrés pour s’asseoir au grand siège