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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/43

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le jour du seigneur

On rit.

L’enfant s’imagina qu’on se moquait de sa réponse, pourtant si naturelle. Un ours, on le tue, n’est-ce pas ?… Des larmes vinrent au seuil des paupières et… s’arrêtèrent, car un grand bonheur fit diversion.

— Tiens, mon gars, mène la jument.

Et François, père, connaissant l’art de consoler tous ces chagrins d’enfants, remit les guides aux mains de son petit compagnon de route.

On approchait de la bifurcation des chemins par où d’autres voitures se hâtaient. François comprit que l’honneur de la famille exigeait un sacrifice : il passa les rênes à son papa… Le village était en vue. Et cette fois, en mains sûres, la Grise fila, tête haute, crinière au vol, par devant les maisons, d’un trait jusqu’à l’église.

Gaudreau mena reposer la bête essoufflée. Marie-Louise et les enfants gravirent lentement, raidis par l’immobilité longue sur leurs sièges, les marches du perron.

∗∗∗

La maison du bon Dieu, comme elle était bien aussi la maison de chacun, faite pour abriter les pèlerins d’ici-bas.

Repos, nourriture, parole d’encouragement, grâce du ciel, parfum de l’encens, lueur tremblante des grands cierges, vibration des mélodies, peu sa-