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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/53

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le dîner sous bois

— Elle est contente, la fine bête, observe Théodule.

— Et ne l’êtes-vous pas, vous aussi, mes bons enfants, demande la mère ?

— Oui, oui, maman, très contents.

Tout à coup, Aimé se lève.

— Ne bougez pas, silence.

Prudemment — qu’a donc vu son œil exercé de chasseur en herbe ? — ramassant un bout solide de branche sèche, il se glisse par le dédale des troncs… Vlan ! l’arme lancée frappe la perdrix sotte qui picotait, confiante, les premières fraises des bois.

Il revient, triomphant, portant, haut le bras, l’oiseau lamentable.

Un mets succulent s’annonce pour demain : ripaille, mes frères, en la demeure du colon !

Le repas fini, Marie-Louise ramasse les couverts, remet dans la boîte bocal et plats vides. Tous ont fait honneur au festin. On sait comme tout cela devient meilleur dans la fraîcheur d’une forêt printanière.

∗∗∗

La douce créature souriait, de ce sourire un peu triste qui trop facilement alarmait son mari. Lui, robuste, courageux, dur à toute besogne, il se prenait à trembler, devenait faible et sans ressort à la pensée que sa femme tomberait malade et peut-