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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/69

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la mort d’une mère

ne pas s’agenouiller ? Y a-t-il songé ?… Son cœur n’est pas mauvais ; seulement, le chagrin, pour lui comme pour tant d’autres, c’est une main de fer qui brise l’élan. L’homme tombe sous ce poids ; s’il tombait à genoux, il se redresserait dans une vaillance nouvelle.

Tout de même, la croix, il l’a regardée, il l’a saluée… Et c’est une prière ; il en a conscience, car un tout petit espoir, timide étoile au firmament d’automne, éclaire un peu ses ténèbres…

Il rentre chez lui.

De la porte ouverte, il voit le grand lit, près du petit châssis sans rideau ; et dans l’ombre, cette forme étendue, sa femme.

Serait-elle morte en son absence ?

Il fallait qu’il la quittât, ce matin, pour l’ouvrage qui n’attend pas… lorsqu’on écoute l’appel du grain dans une éclaircie de soleil.

Même cette journée qui s’annonçait moins brumeuse serait bonne pour les épis languissants, et pour la chère malade.

Dans l’après-midi, tout s’est gâté. C’est le soir. Il est entré dans la maison triste. Il a frôlé, sans la voir, la mort accroupie sur la marche. Il est près du lit. Nous l’y voyons pleurer… Cette mourante est son épouse, la mère de ses quatre petits garçons. Elle est sa force. Elle va partir. Elle parlait du ciel… d’y aller, oui, vraiment… Et