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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/94

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le p’tit gars du colon

dernière fois, leur parlait d’espoir, de vie courageuse malgré l’épreuve, de confiance en la Providence, et d’amour, la grande force, l’amour plus fort que la mort.

Lentement les cinq tracèrent un large signe de croix, et pour cela se découvrirent sous le froid piquant ; et tous les cinq, dans la neige haute et molle, plièrent un genou devant la tombe aimée, perdue pour toujours, comme ils faisaient la génuflexion devant l’autel…

Et se suivant, le père le dernier, par le sentier blanc tracé tout à l’heure, ils s’en revinrent… Tandis que sous terre, doucement, continuait son grand sommeil celle qu’ils n’embrasseraient plus ici-bas, celle qui restait seule, gardant leur souvenir et leur bonheur passé, fidèle, en son sépulcre, fidèle, mieux qu’eux tous, au clocher d’Hébertville.

∗∗∗

Demain !

Ce fut le dernier mot du dernier soir.

Demain… Le petit mot d’espoir ne réservait pour eux qu’une poignante prévision.

Il arriva, ce lendemain néfaste. Et que parut longue et courte la nuit de ce deux janvier, au logis vendu de François Gaudreau !… Des heures d’insomnie, puis un sommeil agité, secoué de rêves terrifiants. Et ce lever machinal dans la fatigue