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en Chirurgie.

tres endroits peu charnus : ces tumeurs ſont accompagnées de douleurs nocturnes qui ſurpaſſent toute expreſſion, & elles occaſionnent très ſouvent des exoſtoſes & des caries, ſans que les tégumens ſe trouvent intéreſſés : tout cela arrive très-fréquemment aux os du crâne. Après quoi les longues ſouffrances que ces accidens cauſent aux malades, les jettent dans le maraſme, la fiévre hectique, & la cachexie ; les dents leur tombent, ils deviennent ſourds, aveugles, & ſe trouvent abſorbés dans un déluge de maux.

Ce que l’on peut ajoûter à tous les ſignes précédens de cette fâcheuſe maladie, c’eſt un ſigne propre à toutes les affections qui en dépendent, qui eſt d’avoir autant d’obſtination à tourmenter les malades, que de difficulté à les abandonner ; de ſorte que l’on peut aſſûrer qu’il n’y a point de maladie ſi opiniâtre & ſi rébelle que la Vérole. Auſſi toutes les fois qu’une maladie ou tel accident que ce ſoit ne cede pas aux remedes ordinaires régulierement pris, l’on a beaucoup de diſpoſition à ſoupçonner que le virus vénérien y a part.

Quant au prognoſtic de la Vérole, on peut dire en général que ce Protée ne fait pas à préſent, & n’a pas fait depuis pluſieurs années, tant de ravage parmi le genre humain, qu’il en a fait quand il a commencé à paroître ; parce qu’alors ſon véritable antagoniſte, qui eſt le mercure, n’étoit pas connu pour tel,