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Page:Devaux - L'Art de faire les Raports en Chirurgie, 1743.pdf/288

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L’Art de faire les Raports

ni adminiſtré avec autant de meſures qu’on y en apporte à préſent.

Il faut convenir encore que cette affreuſe maladie, après avoir exercé ſes cruautés avec beaucoup de violence, paroît quelquefois comme endormie pendant un long tems, & qu’après des dix, vingt, trente années, & quelquefois plus, elle ſe manifeſte de nouveau lorſqu’on y penſe le moins, par la phthiſie, par des tumeurs gommeuſes ou nodus, par des exoſtoſes, & des caries, en un mot, par les ſymptômes les plus fâcheux ; comme ſi cet ennemi de notre nature, auſſi malin que formidable, n’avoit préſenté aux malades l’appât trompeur de cette longue bonace, que pour les ſurprendre enſuite par une trahiſon plus inſigne, & avoir ſes forces mieux recueillies pour les exterminer avec plus de certitude.

Or ce fâcheux aſſoupiſſement du levain vérolique n’arrive ordinairement, qu’à cauſe que les premiers accidens de la maladie ont été traités par les remedes ordinaires, plûtôt que par les antivénériens, ſoit que la véritable cauſe de ces accidens n’ait pas été connue dans ce tems-là, ſoit que ceux à qui les malades ſe ſont adreſſés, ayent eu l’entêtement de ne ſe pas ſervir de ſpécifiques, & principalement du mercure, contre lequel il y a des gens tellement prévenus, qu’ils ſemblent vouloir plûtôt laiſſer périr les malades par la longueur de leurs maux, que de les en déli-