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DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.

fruits, et d’autant de fontaines d’où coulent le lait et le miel[1]. Il veut apparemment désigner les douze apôtres.

L’auteur de cet écrit était donc chrétien, et apparemment un Juif converti au christianisme, qui, Jans la pensée de convertir les Israélites qui rejetaient Jésus-Christ, composa cet ouvrage sous le nom d’un écrivain pour qui ils avaient une très-haute estime. Ce qui nous persuade qu’il était Juif, c’est qu’il rapporte dans son livre plusieurs traditions rabbiniques. Par exemple : Que le paradis terrestre fut produit avant la création du monde[2]; que Malachias est un ange de Dieu[3]; que le Seigneur créa Léviathan au commencement du monde[4], et quelques autres de cette nature. Mais on prétend que ces fables thalmudiques ne sont pas dans la version arabe de ce livre, dont parle Jean Grégoire dans la préface de ses Observations sacrées, et au chap. xvi de ce même ouvrage.

Quoi qu’il en soit, l’auteur de ce IV livre se montre partout sous le caractère d’un chrétien zélé pour la conversion des Juifs[5]; mais on ne comprend guère qu’un bon chrétien ait pu, sans blesser la sincérité et la droiture évangélique, employer une fraude pareille pour rappeler les Juifs de leur égarement. Qu’on fasse parler le Saint-Esprit, lorsqu’il ne parle point, et qu’on débite ses propres visions sous son nom et son autorité, c’est ce qui n’a jamais été dans les règles du christianisme.

Il y a beaucoup d’apparence que l’auteur vivait au milieu des premières persécutions contre les chrétiens. Il Parle des martyrs[6], et des oppositions que souffrit la foi en Jésus-Christ. Il raconte[7] qu’il vit us homme qui s’élevait de la mer, qui jetait le trouble dans tout le monde, et contre qui on s’élevait des quatre vents du ciel. Il se tailla une montagne inaccessible, sur laquelle il s’envola. On ne peut découvrir d’où cette montagne est taillée. Il renverse tous ses ennemis par le souffle de sa bouche. Il appelle à lui une autre multitude de gens pacifiques… C’est lui que le Très-Haut conserve, et qui par lui-même délivrera sa créature… Les jours approchent auxquels le Seigneur commencera de délivrer ceux qui sont sur la terre. On verra les hommes s’armer les uns contre les autres, ville contre ville, nation contre nation, royaume contre royaume. Alors le Fils de Dieu sera révélé, et il reprendra ce que les nations ont fait de mal. II Parle aussi d’une guerre et d’une désolation qui réduira la Judée en un état pire que celui auquel elle avait été réduite par les Chaldéens[8]. À cette occasion il dit : Que le sang coulera du bois, que la pierre parlera, que les peuples seront troublés, celui qu’on n’espérait pas qu’il dût régner, régnera. Il ne faut point de glose pour entendre ce sang qui coule du bois, et cette pierre qui parle. L’auteur ayant été connu et cité par saint Irénée, par Ťertullien, par Clément d’Alexandrie et par saint Cyprien, qui vivaient au IIIe siècle, n’a pu écrire au plus tard qu’à la fin du siècle ; et comme dans un endroit il semblait faire allusion aux paroles de l’Apocalypse, qui fut écrite à la fin du 1" siècle, il en résulte que cet auteur n’a pu écrire plus tôt que vers le commencement du siècle. Ainsi, il y a lieu de croire que cet auteur écrivit entre le commencement et la fin du 1° siècle.


Le docteur Laurence a publié à Oxfort, en 1823, le texte éthiopien d’une traduction du IV livre d’Esdras, en y joignant les variantes que présente la traduction arabe, une version anglaise et une dissertation également en anglais, sur le livre en question, sa traduction, l’époque où il a été composé, la religion de l’auteur et les observations diverses qu’il suggère. Ce travail, traduit en latin, a été placé à la suite du texte latin de ce IV livre, dans le volume édité par M. Gfroerer, en 1840, et que nous avons déjà cité : Prophetæ veteres pseudepigraphi., p. 66-168. Nous remarquons que la traduction éthiopienne présente des différences parfois assez sensibles avec le texte latin de la Vulgate, et qu’elle ne renferme pas les deux premiers chapitres de celle-ci. G. B.

ESDRAS — LIVRE IV.

CHAPITRE PREMIER.

Esdras vient trouver les Juifs de la part du Seigneur, et après leur avoir remis ses bienfaits devant les yeux, il leur reproche leur ingratitude.

1. Le[9] second livre du prophète Esdras, fils de Sarei[10], fils d’Azareus[11], fils d’Helcias, fils de Sadanias[12], fils de Sadoch, fils d’Achitob.

2. Fils d’Achias, fils de Phinées, fils d’Heli[13], fils d’Amerias, fils d’Asiel[14], fils de Marimoth[15], fils d’Arna[16], fils d’Ozias

  1. IV Esdr. ii, 18, 19.
  2. I Esdr. iii, 6.
  3. IV Esdr. 1, 40.
  4. IV Esdr. vi, 49, 50.
  5. Voy. particulièrement chap. vi, 15 et suiv.
  6. IV Esdr. 11, 34 et seqq., et vi, 25 et alibi.
  7. IV Esdr. xi, 1 et seqq.
  8. IV Esdr. v, 5 et 6.
  9. Ceci est copié sur ce qui est rapporté liv. I Esdr. vi, 1,2.
  10. Autr. : Saraias.
  11. Autr. : Azarias.
  12. Autr. : Fils de Sellum.
  13. Ces trois prétendus aïeuls d’Esdras sont ici ajoutés et ne se trouvent point insérés dans sa généalogie (ibid. , versets 2 et 3) qui ne compte que quinze générations depuis Aaron.
  14. Autr. : Azarias. Voy. ibid., vers. 3.
  15. Autr. : Marajoth,
  16. Autr. : Zarahias. Voy. ibid., vers. 4.