Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

mettait en fureur chaque fois qu’elle apercevait Bankouri ».

Le Tarik ne nous dit pas si Yan-Mara fut heureuse désormais. En revanche nous apprenons avec satisfaction que Askia le Grand réintégra son palais de Gaô où il mourut enfin en paix neuf ans après sa déposition (1538).

Ismael fut le premier Askia qui termina sa vie sur le trône (1540) ; son frère Askia Ishak lui succéda. Comme ses prédécesseurs, il avait le ressentiment de famille très développé et fit périr bon nombre de ses proches. À l’égard de l’un d’eux, il fit même pratiquer certaine opération d’envoûtement. « Arbinda, fils de sa sœur, lui donnait des inquiétudes. C’était un homme célèbre, et d’une valeur si éclatante qu’on ne désirait personne autre pour succéder à Ishak. Celui-ci confia ses craintes à un homme versé dans les sciences occultes et lui demanda son aide. Le magicien se fit apporter un vase plein d’eau. Ayant prononcé des invocations, il appela : « Arbendi ! Arbendi ! ». Une voix répondit. « Viens ici », dit le magicien. Alors sortit de l’eau une poupée qui ressemblait à Arbinda. Le magicien lui mit des fers aux pieds et la frappa d’un coup de lance, puis lui dit : « Disparais ! » Et le corps disparut dans l’eau. Bientôt on apprit que Arbinda était mort vers le moment où le magicien avait frappé son image ».

Les quatre derniers Askia qui régnèrent sur l’intégralité de l’empire furent ensuite : Askia Daoud (1549-1581), Askia El Hadj II (1581-1586), Askia Mohamman Ban (1586-1587), Askia Ishak II (1587-1591). Ceux-ci, comme leurs prédécesseurs, firent un certain nombre d’expéditions, presque toutes heureuses. Leur but ne fut pas d’agrandir le royaume ; mais simplement de conserver les acquisitions du premier Askia. Ce furent moins des guerres que des opérations de police ou de gendarmerie. Qu’ils ne se soient pas efforcés d’agrandir leur magnifique héritage, on le conçoit ; mais ils ne firent rien non plus pour l’améliorer, pour pousser plus avant le sillon de progrès ouvert par le premier de leur race.