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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/222

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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

ville blanche de l’Égypte ancienne, peuplée d’une foule blanche également par ses vêtements aux amples draperies.

Certes l’Islam et la civilisation arabe se sont superposés en ce pays et assez fortement implantés, après neuf siècles, pour que bon nombre des empreintes égyptiennes aient disparu des mœurs et coutumes. Ainsi l’embaumement des corps est tombé en désuétude. La religion mahométane taxe une semblable pratique de profanation. La coutume n’en a pas moins subsisté fort longtemps parmi les Songhoïs. Les vieilles chroniques nous la signalent encore vers l’an 1500, à propos d’Ali le Conquérant. « Le roi étant mort, dit le Tarik, ses enfants lui ouvrirent le ventre, en firent sortir les intestins, et le remplirent de miel pour qu’il ne se corrompit pas. » Les anciens documents ne nous renseignent malheureusement pas aussi bien sur d’autres points importants. Il est vrai que dans les écoles, pour apprendre à écrire aux enfants, à défaut du papier trop cher, on se sert encore de planchettes en bois, bien lisses, comme faisaient les scribes des Pharaons, qui ne pouvaient à volonté user du papyrus dispendieux. Mais rien ne rappelle les écritures hiéroglyphique ou démotique. L’écriture arabe a tout effacé, comme en Égypte même, du reste. Le Koran et les jurisconsultes arabes ont également fait disparaître les coutumes judiciaires primitives.

Cependant, à mesure que l’on se mêle à la vie des Songhoĩ, que l’on pénètre dans leur intimité, des indices caractéristiques de leur descendance se retrouvent aussi dans leurs mœurs et coutumes. Et leurs traditions orales, leurs chroniques, leurs demeures révélatrices ne seraient-elles pas là pour trahir leur origine nilotique, que certains menus faits ne tarderaient pas à mettre l’observateur en éveil. Les Songhoïs apparaissent