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DE DIENNÉ À TOMBOUCTOU

de la cavalerie et des canons. Bien qu’une année se soit écoulée depuis notre occupation, on reste sur le qui-vive. On sent que la dure leçon du massacre de la reconnaissance Bonnier a été prise à cœur. Elle a été renforcée ici même par un épisode non moins tragique et dont les Touaregs furent également les fauteurs : le massacre de l’enseigne de vaisseau Aube a eu lieu à peu de kilomètres du fort. Sa canonnière était ancrée là, au pied du pompon vert, quand, attaqué par les hommes voilés du désert, il s’est laissé entraîner en une vaine poursuite au milieu des sables. Le jeune imprudent et ses dix-neuf compagnons

KABARA : TOMBES DE L’ENSEIGNE AUBE ET DE SES DIX-NEUF COMPAGNONS.


reposent là-haut sur la crête vis-à-vis du fort, sous la grande croix qui tend ses bras sinistres vers la sérénité du ciel.

Comme Ségou et Sansanding, Kabara a cruellement souffert de l’anarchie de la vallée du Niger, aggravée encore par les longues exactions des Touaregs. L’intérieur de la ville est d’aspect délabré. Pour la première fois cependant le décor misérable ne donne pas l’impression dominante. Il s’efface devant le mouvement et l’activité qu’il encadre. Les quais vibrent d’une folle agitation, encombrés de ballots, de jarres,