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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/255

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XI

TOMBOUCTOU[1]

Le ciel immense et brillant, la terre brillante et immense, et, venant trancher l’un de l’autre, un fin et grand profil de ville, une silhouette sombre, régulière et longue, c’est ainsi qu’apparaît la Reine du Soudan, image de la grandeur dans l’immensité.

Tout est simple et sévère à travers l’espace. La forêt naine a disparu. Rien ne rapetisse le paysage. Le sol maintenant est d’aspect véritablement saharien, ondulé, pelé, nu. Dans cette mer de sables, bêtes et gens paraissent des bacilles, cependant que Tombouctou reste impressionnante et grandiose.

Elle trône sur l’horizon dans une majestueuse attitude, comme une reine. C’est bien là la cité imaginée, la Tombouctou des séculaires légendes d’Europe.

À mesure que l’on en approche, le sable se strie de grands ossements blancs, carcasses déchiquetées par les fauves, chameaux, chevaux, ânes, morts au terme du voyage, — l’habituelle ceinture des villes d’Orient, la bordure coutumière des chemins du Désert.

  1. J’ai adopté Tombouctou (et non Tembouctou ou Timbouctou) parce qu’écrit ainsi, le nom se rapproche le plus de la prononciation locale qui est : Tomboutou.