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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/341

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L’UNIVERSITÉ DE SANKORÉ

(Arabie), étant arrivé dans ce but à Tombouctou, trouva la ville pleine de savants soudaniens. Ayant remarqué qu’ils lui étaient supérieurs en Droit, il se rendit à Fez où il parvint à enseigner. »

La carrière de professeur était absolument libre. Enseignait qui voulait. La seule sanction était le nombre, plus ou moins grand, d’auditeurs. S’il faut en croire leurs biographes, ces maîtres étaient d’un mérite rare, pleins de bienveillance et d’affabilité pour leurs élèves, très attachés à leurs devoirs. On en vit refuser les fonctions plus élevées et plus lucratives d’iman pour rester dans l’enseignement. L’un d’eux « se multiplia en démarches pour ne pas être nommé grand Cadi ».

La journée de Mohamed ben Abou Bekr, un des savants les plus respectés de son temps, était bien remplie : « Dès les premières heures du jour il se mettait à professer et faisait de suite plusieurs cours différents jusqu’à dix heures du matin ; alors il se rendait chez lui pour s’acquitter de la prière. Après l’avoir achevée, il entrait chez le cadi pour les affaires de ses clients, ou bien il jugeait à l’amiable entre les parties. Ensuite, après la prière de midi, qu’il récitait en public, il professait jusqu’à trois heures dans sa propre maison, faisait la prière de l’asr puis sortait pour aller enseigner dans un autre local jusqu’aux dernières heures du crépuscule, et, après le coucher du soleil, il terminait la journée à la mosquée par une autre leçon. »

Voici maintenant le portrait du professeur par excellence, de celui dont on a écrit que « le Soudan n’a possédé aucun docteur aussi pieux et en même temps aussi érudit ». Il était en effet doué de tous les dons, puisque ce n’était autre que Sidi Yahia, le patron de Tombouctou. Nous l’aurons vu ainsi sous son triple aspect de saint, de cadi et de savant :

« Il était doué d’une nature calme et d’une intelligence qui n’eut d’égale que sa mémoire infaillible. Sa science était, pour ainsi dire, universelle. Toute sa personne commandait