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LA CONQUÊTE FRANÇAISE

la vie à l’enseigne Aube. Tandis qu’il succombait à Our’ Oumaira, les sentinelles de Tombouctou, ayant entendu des coups de fusil, donnèrent l’alarme. On amena les deux seuls chevaux qui fussent à Tombouctou. Le commandant enfourcha l’un, un Européen l’autre, et la petite garnison, y compris les cinquante Tombouctiens, se porta en toute hâte sur la route de Kabara et attaqua les Touaregs qui furent mis en fuite et laissèrent quinze morts.

Durant la nuit l’ennemi s’était reformé et il vint dans la journée passer en vue de la ville. Ayant été salués de quelques coups de canon, les uns allèrent bloquer la route de Kabara au sud, tandis que l’autre moitié s’installait au nord près des étangs. La nuit suivante, les Touaregs envoyèrent un messager qui remit aux autorités une lettre ainsi conçue : « Gens de Tombouctou, êtes-vous avec nous ou avec les blancs ? » On renvoya le messager après avoir, pour toute réponse, déchiré la lettre devant lui et craché sur les débris. En même temps était arrivé un habitant de la ville que les Touaregs avaient fait prisonnier et qui était parvenu à s’évader de leur campement à la faveur de l’obscurité. Il annonça qu’à un conseil N’Gouna, le chef des Tenguéréguifs, avait proposé de marcher sur Tombouctou, mais que les chefs des Kalintassars s’étaient prononcés dans un sens opposé.

Le commandant fut averti aussitôt et l’alarme donnée en ville. On craignait un coup de main dans les ténèbres, selon la coutume des hommes voilés. Tout le monde s’arma, y compris les étrangers du Mossi qui avaient été récemment rançonnés par les Touaregs et qui prirent les arcs et les flèches de leur pays. Et l’on alla se grouper à l’est et à l’ouest de la ville, qui restaient à découvert, alors que les fortins défendaient le nord et le sud.

Le jour venu, on vit, en effet, des bandes passer à l’est et à l’ouest, mais, apercevant les rassemblements, elles n’osèrent s’approcher. Alors la division s’accentua parmi les Touaregs.