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Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/13

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sens ? De telles licences sont permises en allemand, je le sais ; mais c’est là une des facilités que j’envie le moins à nos amis d’outre-Rhin. La langue française est puritaine : on ne fait pas de conditions avec elle. On est libre de ne point l’écrire ; mais dès qu’on entreprend cette tâche difficile, il faut passer les mains liées sous les fourches caudines du dictionnaire autorisé et de la grammaire que l’usage a consacrée.

Ai-je besoin d’ajouter que la traduction ainsi entendue, surtout quand il s’agit d’œuvres fort anciennes ou créées par un génie profondément différent du nôtre, est un idéal qu’on ne saurait atteindre ? Toute traduction est essentiellement imparfaite, puisqu’elle est le résultat d’un compromis entre deux obligations contraires, d’une part, l’obligation d’être aussi littéral qu’il se peut, de l’autre, l’obligation d’être français. Mais de ces deux obligations il en est une qui n’admet pas de moyen terme, c’est la seconde. Le devoir du traducteur n’est rem-