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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/111

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la danse macabre

 Et comme Marie-Madeleine
 Qui pécha comme moi et plus,
 Qu’au ciel pour prix de tant de peines,
 J’entre un jour, après les élus !

Les pleureuses : — Ô pauvre, ô pauvre chair des femmes ! —

Alfred de Musset, l’œil vitreux, rauque de voix,
Ange désagrégé par les toxiques bus :
 — Je passais ce soir-là dans une rue à filles :
 Une d’elles vint donc se frotter contre moi
 Et me dit : Beau garçon veux-tu monter chez moi ?
 Je suis belle, sais-tu, amoureuse et gentille.

 De notre peau saurons-nous t’arracher, guenille,
 Lèpre au cœur, cancer de tout le reste à la fois ?
 Secoué par l’élan de la bête en émoi,
 J’ai fait oui de la tête et j’ai suivi. La fille…

 (Paix, hélas, au prélude !) elle se déshabille,
 Et dénudant ce corps pollué tant de fois,
 Jésus ! avec des peurs et des pleurs plein sa voix :

 — Prends garde, ne m’afflige pas de tout ton poids…
 Et, livrant son ventre arrondi comme une bille :
 — C’est que je suis, vois-tu, enceinte de cinq mois !

— Ô pauvre, pauvre chair des femmes !

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