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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/112

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la danse macabre


Ophélie passe, des fleurs dans ses cheveux blancs :
 — Quand au printemps dans la ramure
 Les tourtereaux vont roucoulant,
 Le zéphyr au tendre murmure
 Fait refleurir le lilas blanc…

Roméo chauve et bedonnant, tel que Willy :
 — Celle, ô bois de Paphos, dalle du Céramique,
 Pleurs de la Francesca, et ton rire Ophélie,
 De qui je tiens ce brin de lilas chlorotique,
 C’est Portia, fille publique
 Que j’ai louée avec le lit,
 Cette nuit, cette infâme nuit.
 Lilas, brin de lilas fané, rosâtre à peine
 Tel sa lèvre où suinte en gémissant l’haleine
 Du phtisique au dernier degré ;
 Écrit dessus je lus : Souvenirs ! et Regrets !
 Elle m’a dit, je dois la croire ;
 J’ai mes quinze ans du mois passé,
 Puis me conta l’antique histoire
 Du beau séducteur envolé.

 Son maigre corps, hélas, ses maigres seins rigides,
 Tout son air tristement animal et candide
 Me disait qu’elle disait vrai,
 Et j’ai pleuré, hélas : après ! —

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