Aller au contenu

Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
la danse macabre

 — Le vin ne jaillit plus des grappes épuisées.
 Sauve qui peut, sombre le monde, ainsi soit-il,
 Aphrodité, Aphrodité ! —

 Une terrifiante voix se fait entendre :

— Je suis une marraine autrement redoutée
Que tout l’obscur troupeau de vaines déités
Qu’a supplié jamais la morne humanité ;
Je courbe sous ma loi de reine incontestée
Un milliards de sujets et n’ai pas un athée.

Qu’ils passent, les vainqueurs ! qu’ils croulent, les autels !
Que s’effacent les noms des tables et des stèles,
Que s’efface l’amour enfin, je reste et telle,
Moi seule, et vois leur mort, à tous ces immortels !

Je règne par l’horreur ; les cheveux se hérissent :
J’ai soufflé ; je me nomme et les faces blêmissent
Et tremblent les humains ainsi qu’au vent des lys,
À mon nom doux comme l’amour : La Syphilis !

Des voix tournent dans l’air : — Attis ! Attis ! Attis !
 — Aphrodité, Aphrodité !
 Ô Adonis, Adonis, où es-tu ?
 Ô Phallus, ô Phallus, hélas !

— 122 —