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la danse macabre


Comble d’horreur ! le monstre accroupi se vidange
Sans arrêt comme il mange et décharge l’amour,
Laisse échapper sous lui le fruit de ce qu’il mange,
Fleuve d’immonde fange, et, prodige en retour,

Le purulent amas aussitôt ressuscite,
Engendre d’autres corps, d’où monte à l’unisson
Le cri : Merci Seigneur ! et tous se précipitent
Vers l’arrosage infâme et le croc du démon.

Et le plus effrayant est la tristesse affreuse
De l’être gigantesque accroupi dans le noir,
De la face de qui, morne et silencieuse,
Ruisselle comme une sueur de désespoir.

Autour c’est un vertige tel qui tourbillonne
Que rien ne se discerne des individus ;
Un hourvari assourdissant et monotone
Roule en son ouragan tous les cris confondus.

Je titube en l’infâme océan dont les lames,
Oscillant enchevêtrement de voluptés,
Grappes brûlantes de corps d’hommes et de femmes,
Battent ma chair sous un roulis de nudités ;

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