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la danse macabre


Lèvres sans nombre, mains, muqueuses, épidermes,
Seins brandis, seins tordus, vrilles de leurs tétins,
Membres, limes, prisons qui s’ouvrent, se referment,
Et ventres sur mon ventre écrasant leurs satins.

Des escadrons de doigts exaspérés me fouillent,
Les ongles dans la chair m’entrent avec fureur,
Tous les suintements, tous les baisers me souillent,
Crinières et toisons me cardent jusqu’au cœur.

Et partout où mes yeux multipliés se plongent,
Se multiplie l’invraisemblable emmêlement
De corps et de vapeurs qui se tordent, s’allongent,
Se pénètrent, se nouent, sanglants, suants, fumants ;

Et l’affreux hourvari de clameurs insensées,
Rires où l’hystérie et ses sanglots fêlés
Tintent, sanglots, jurons, voix chantant, voix brisées,
Hurlements, gloussements, cris d’êtres violés,

Pesant ondulement de senteurs amoureuses,
Sueurs, pets et hoquets, écœurantes fadeurs,
Relents de fauves, exhalaisons butyreuses,
Tout ce que laisse aller l’être humain en chaleur.

Et ma raison hennit après la bacchanale,
Je me débats contre moi-même en implorant

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