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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/134

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la danse macabre


 L’air rutile et l’ombre flamboie,
 Plus brûlante que la lumière ;
 La salive est comme la poix,
La bouche ahane après les flasques bouffées d’air.

Un édifice colossal tel qu’une usine,
Masse imprécise, roc, métal et ossements,
Montagne qui semble palpiter, se dessine
À travers les fumées en spirales mentant :

Je crois revoir, agrandies encore, les formes
De l’être monstrueux ici même accroupi ;
Sur… est-ce ses genoux ? est-ce une plate-forme ?
Un sphinx vivant, frileux et coquet, se tapit.

C’est un sphinx immobile et vivant, blanc et rose ;
Le fumeux ouragan tourne et s’acharne en vain
Sur son gracile corps de femme, qui n’oppose
Que le double bouton frais de ses petits seins ;

Non plus n’éblouit-il l’azur des deux prunelles
Dardant un regard clair et fixe étonnamment
Ni ne gerce la nacre habillant ce corps frêle
Qu’on dirait composé de minéraux charmants :

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