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la danse macabre

Des clameurs à présent sous mes oreilles grondent :
Est-ce l’Enfer qui monte, est-ce le Paradis ?

Et toujours grossissant, l’image se rapproche
De braises que d’immenses bras feraient tourner
Sous l’affolant brouhâ d’un milliard de cloches :
Est-ce l’Enfer, ses feux, ses roues et ses damnés ?

Ou bien s’est-il, ce ciel, transporté sur la terre
(Ou cet Enfer ?) est-ce la terre au loin qui luit ?
Quelque affreuse cité flambant comme un cratère ?
Où suis-je ? où m’as-tu donc, Dieu tout-puissant, conduit ?

Soudain, la nuit. J’y plonge en nageur qui se noie,
D’absurdes béhémoths de métal animé
Emportent machinalement l’humaine proie
Parmi des tourbillons de flamme et de fumée.

Quel cratère inéteint m’enferme, humaine épave ?
Un phosphore aux vapeurs blafardes charge l’air
Comme en les nuits d’orage au-dessus des cadavres,
Et tels des chapelets de lampes funéraires

Ou de têtes de mort qui seraient translucides,
Des globes suspendus déversent, vertes, bleues
Et violettes, leurs effusions morbides,
Lueurs gelées, plus corrosives que le feu.

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