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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/152

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la danse macabre


SI c’est une cité c’est la cité des spectres ;
Son noir ciel (est-ce un ciel ?) est dévoré d’éclairs
Où j’ai cru voir, zig-zags d’incandescents salpêtres,
Les lettres de ce mot sinistre : Lucifer.

C’est la ville diabolique et qui flamboie,
Qui ne connaît ni nuit ni jour, qui ne connaît
Ni crépuscule ni matin, ni paix ni joie,
La ville hallucinée où l’on ne dort jamais.

Si je n’aperçois point ses myriades d’êtres,
C’est que ce sont des morts frappés d’épilepsie ;
Ils n’ont plus d’âme, ils l’ont crachée, ils sont des spectres
Faudra-t-il pour les voir que je sois mort aussi ?

Enfer le plus hideux, enfer géométrique.
Dédale d’avenues, de places, de circuits :
Absurde et maladive, une obscure logique
S’est entêtée à l’enchevêtrage inouï

De ces réseaux qui s’irradient avec démence.
Dans tous les sens, se traversant à angles droits,
Fuyant on ne sait où, que des cercles immenses
Fauchent, lancés à même, on ignore pourquoi.

Les parois sont forées, taraudées de cellules
Que je devine avec horreur être habitées,

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