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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/153

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la danse macabre

Et je comprends qu’au fond de tout cela pullule
Une indistincte et répulsive humanité.

C’est à croire qu’eux-mêmes ces sépulcres bougent :
Est-elle de caillots de sang et d’ossements,
Leur matière, amalgame noir ou gris et rouge,
Ou de brique, de suie, de plâtre, de ciment ?

Et tour à tour je m’imagine en un cratère
Près de s’éteindre, et puis dans un cerveau humain
Avec tous ses replis, ou l’horreur d’un ulcère,
Puis dans un ventre dévidant ses intestins ;

Mais l’obsession la plus précise de toutes
Est d’un cerveau toujours, ou cerveau d’un dément
Ou bien cerveau d’un mort, et dont l’osseuse voûte
Figure cet opaque et fumeux firmament ;

Et j’éprouve toujours la présence odieuse
D’un gluant grouillement de larves pourchassées :
Ainsi les flots sans fin d’une mer orageuse
Dans un remous (peut-être larves de pensées ?)

Ou bien ces tourbillons de feuilles automnales
Dont se joue la rafale à la tombée du jour…
L’horrible est qu’une fois prisonnier du dédale
Il en faut un à un suivre tous les détours

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