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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/131

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SUR LE SOL D’ALSACE

mais tu aimes ton mari, tes fils, n’est-ce pas ?

Un frisson enveloppa Louise. L’abîme se creusait dans son cœur… Jamais elle n’avait tant haï l’Allemagne… Ses lèvres palpitantes se serrèrent sans répondre.

— Or, aimer les siens, poursuivit Wilhelm, c’est aimer en eux leur patrie…

Elle se tut encore… elle aimait ses fils pourtant !

Wilhelm continua :

— Fritz, après une année, reviendra transformé. Son esprit se sera fortifié au souffle allemand. Ici, c’est difficile d’avoir des idées justes… tout un passé vous effleure à chaque pas… et l’on a une maman si belle et si française quelquefois…

Et il embrassa sa mère avec tant d’effusion qu’elle oublia sa torture pendant un instant.

— C’est une femme comme toi que je voudrais, s’exclama-t-il… Es-tu jeune !… quel âge as-tu donc ?

Louise sourit avec effort et répondit machinalement :

— Quarante et un ans…