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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/14

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SUR LE SOL D'ALSACE

tranchaient sur son teint coloré que l’approche de la cinquantaine couperosait.

Louise, forte de sa jeunesse, sourit et entreprit de la convaincre par des raisonnements positifs. Marianne, respectueuse dans son doute, laissait, sans interrompre, les paroles s’enchaîner. Elle reconnut, comme juste, tout ce que sa jeune maîtresse lui disait, mais ne voulut pas en convenir.

— Si l’on partait, reprit Louise, le château serait acheté, puis habité par un Allemand qui bannirait les antiques usages alsaciens ; qui foulerait aux pieds les chers souvenirs français. Tandis qu’ainsi, elle resterait souveraine maîtresse du bien légué ; l’âme française, malgré la présence d’Herbert, flotterait toujours parmi les vieux meubles ; la lignée d’ancêtres qui dormait, en bas, sous les cyprès, ne serait jamais abandonnée… Et peut-être qu’à force d’amour, elle amènerait Herbert à aimer la France… Les Allemands employaient leur énergie rude à conquérir les Alsaciens ; elle procèderait par la tendresse et ses enfants seraient dignes des siens.