Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
SUR LE SOL D’ALSACE

entrer dans votre famille !… Mon Dieu ! que diraient vos parents ?… Louise… Louise… un Allemand !…

Louise pâlit un peu, mais, ferme, répondit :

— Mes parents désiraient mon bonheur… Herbert est Allemand, oui, mais quel Alsacien m’épouserait ? Ne partent-ils pas tous ?…

— Attendez encore, je vous en supplie !

— Ma réponse est donnée…

— Vous ne pouvez pas aimer cet étranger !…

La jeune fille eut une hésitation ; ses yeux se fermèrent un peu, puis elle avoua :

— Je l’aime…

— Mon Dieu ! protégez-la, murmura Marianne. Vous ne serez pas heureuse… Non, ce n’est pas possible !…

— Pourquoi donc ?

— Je sais ce que je dis… vous verrez !…

Et la servante, les mains sur les hanches, hocha la tête. La douleur creusait deux rides aux coins de sa bouche. Son menton carré tremblait et ses yeux aux paupières plissées se noyaient dans des larmes. Ses cheveux gris