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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/153

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SUR LE SOL D’ALSACE

à un sentiment nouveau et voulait expier, par des offrandes répétées, les chagrins faits aux siens. Elle voulait adoucir les événements futurs, et dans un espoir désiré de toute sa volonté tendue contre le destin, elle voulait détourner d’elle, et surtout de son fils, le châtiment qu’elle croyait avoir mérité…

Sa pensée allait vers Dieu en passant par ses parents. Elle le suppliait avec une foi dédoublée par la douleur et la crainte de l’avenir. Sur les genoux, le front presque à terre, elle priait… Ressource suprême de tous ceux qui ne peuvent plus lutter contre les pièges terrestres amoncelés… Tentative ultime vers un idéal attirant, comme tout ce qui est mystérieux et puissant…

Un matin qu’elle contemplait, de la fenêtre de son petit salon, le paysage uniforme de la nature, elle entendit son mari qui venait d’entrer sans bruit, lui dire :

— Louise, j’ai à te parler sérieusement…

Elle porta la main à son cœur ; un vide lui entra dans le front comme ceux que l’on ressent dans une angoisse subite ; elle ne put répondre et resta devant lui, les yeux interrogateurs…