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SUR LE SOL D’ALSACE

petite sur mes genoux et vous ne serez même pas là, pour me fermer les yeux !

— Marianne !

— Pardonnez-moi ! je suis folle !… Écoutez… ne pleurez plus !… je suis presque heureuse maintenant de partir d’ici !…

— Que dis-tu ?

— Je serai libre !

— C’est vrai… soupira Louise.

— Les Alsaciens aiment la liberté. C’est un peuple bon enfant, mais il ne faut pas qu’on l’ennuie. Il est plein de bon sens, seulement il a la tête vive… il serait arrivé un jour où, malgré mon âge, j’aurais tapé sur les autres, à la cuisine… Ah ! vous ne savez pas ce que c’est, que d’être dédaignée là où l’on était considérée… Vous n’avez pas connu ces temps, malheureusement, sans quoi vous n’auriez pas hésité à jeter dehors M. Ilstein avec ses prétentions…

— Marianne !… si on t’entendait !…

— Et cela a été le tort de vos parents de ne pas vous parler assez de la vieille Alsace et de la France. Je leur disais souvent… quand je vous voyais aller avec la petite Streicher : « Dites à