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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/164

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SUR LE SOL D’ALSACE

jamais rien de commun avec le vainqueur, elle, la vaincue !… Mais elle ne savait pas alors ce que valaient ces mots. Il avait fallu la vie avec ses réalités pour le lui apprendre… Elle songeait avec désespoir qu’elle avait ouvert sa porte toute grande, facilitant, par amour, l’accès de la demeure des siens !… Qu’avaient dû penser les autres ?… et ses aïeux ?…

Et comme si la honte subitement tombait sur elle ainsi qu’un fardeau lourd et visqueux, elle baissa la tête, haletante, surprise et se dressa d’un bond. Ses épaules ondulèrent comme pour se débarrasser d’un poids horrible et elle cria :

— Marianne !…

Puis elle retomba, évanouie, sur sa chaise. Sa tête dépassant le dossier, pendait en arrière, la bouche ouverte.


Pendant de longs jours on soigna Mme Ilstein. Marianne ne la quitta pas d’une heure. Elle avait dit à son maître :

— Je sais que monsieur voudrait me voir dehors, mais je ne quitterai pas madame avant qu’elle soit rétablie…