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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/180

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SUR LE SOL D’ALSACE

— Va dans le jardin… nous nous parlerons par la fenêtre… dans le soleil… acheva-t-il, avec une gaieté forcée.

Et une partie de la matinée printanière se passa de la sorte. Mme Ilstein sur une chaise longue, la tête levée vers son fils, lui, les yeux baissés vers sa mère, devisèrent avec de grands efforts pour paraître naturels. Ils turent, tacitement, le nom de Marianne, de peur d’être entendus par les domestiques, mais tous deux y pensaient avec des révoltes. Louise se promettait d’aller chez Mme Hürting dès le début de l’après-midi. Sans Fritz, elle y serait allée immédiatement, mais elle prenait pitié de lui aussi, en songeant à la joie qu’il escomptait la veille. Et n’était-ce pas pour elle qu’il subissait cette séquestration ? Partagée entre ces deux devoirs, elle essayait de les concilier.

Une diversion arriva sous la forme d’Elsa. Nimbée de soleil, elle débouchait de l’avenue. Sa démarche lente, sa taille haute, ses cheveux blonds lui donnaient l’air d’une Cérès. Ses yeux regardaient d’un peu haut sous ses paupières lourdes frangées de cils foncés. Elle s’abritait