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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/191

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SUR LE SOL D’ALSACE

Elle resta inactive près de Mme Hürting ; ses doigts tremblants ne pouvant tenir les aiguilles d’un tricot. Elle guettait chaque bruit extérieur et tressaillait à tous les pas qui résonnaient devant l’entrée.

Elle essayait de se persuader que Mme Ilstein n’était nullement obligée de venir la voir, mais au fur et à mesure que l’heure fuyait, une force s’écroulait dans son cœur. Machinalement, elle allait à la fenêtre donnant sur la rue et soulevait le rideau. Chaque fois qu’elle le laissait retomber, l’ombre qui cernait ses yeux s’élargissait et elle disait :

— Pourvu qu’elle ne soit pas malade…

Elle se rasseyait et reprenait le bas dont les mailles coulaient des aiguilles sous ses doigts fébriles.

Bientôt après, elle se levait encore, et regardait au dehors, le cou tendu, les yeux anxieux.

Mme Hürting la rassurait.

Elle renonçait à tout espoir, le cerveau vidé par l’angoisse, quand l’ombre de deux chevaux obscurcit les carreaux. Elle cria, se levant d’un bond :

— C’est elle !…