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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/212

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SUR LE SOL D’ALSACE

Mme Ilstein eut un éblouissement, comme ceux que l’on éprouve quand on s’arme de courage pour une chose qui fait peur. Elle osa :

— Je regrette que Fritz t’ait manqué de respect, mais ses remarques étaient justes…

Il la regarda, immobilisé par la surprise. Par un effort intense, il se maîtrisa pour dire :

— Si tu étais allemande, j’aurais confiance en ton sang-froid, pour essayer de discuter avec toi, mais dans l’état actuel des choses, nous échangerions trop de paroles désagréables. Je commence à m’apercevoir que la vieille Alsace n’acceptera jamais d’être vaincue…

— C’est assez naturel… fit Wilhelm étourdiment.

— Non, ce n’est pas naturel, répliqua M. Ilstein, on doit s’incliner devant le plus fort, toujours, et surtout quand il a pour lui le bon sens, le…

— Il me semble que la France…, commença Louise.

— Oh ! n’entreprenons pas cette guerre intérieure, d’avance, tu serais vaincue… encore une fois, ajouta-t-il avec ironie.