Aller au contenu

Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
SUR LE SOL D’ALSACE

Louise, en le regardant s’éloigner, sentait, à chacun des pas qu’il faisait, un arrachement se faire de son cœur.

Il allait vers la vie, vers la femme de son choix, une Allemande comme lui. Louise ne pourrait, dans sa vieillesse, avoir la douceur de raconter ses souvenirs à ses petits-enfants. Sa bouche devra se sceller, taire les vieux refrains dont Marianne l’endormait, que sa mère avait fredonnés presque bas, de peur d’être entendue par l’ennemi…

La voix du passé montait, de plus en plus forte. Avec elle, celle des opprimés qui souffraient et stigmatisaient sa conduite. Elle aussi criait maintenant de souffrance, mais une volupté traversait sa douleur en constatant que son âme d’Alsacienne vivait… vibrait !… Comme la statue de Memnon qui exhale des sons mélodieux quand le soleil l’éclaire, son âme, illuminée par le rayonnement intérieur du patriotisme, chantait le hosannah merveilleux.

La race profonde s’imposait ; et, malgré la tache effroyable d’avoir donné des fils à l’Alle-