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SUR LE SOL D’ALSACE

à face avec le colonel français, là-bas, dans la galerie…

De ses propres mains, elle avait planté l’arbre de la trahison dans sa demeure. Ses branches se nourrissaient de ses déceptions, de ses angoisses. Elles écartelaient son cœur, à travers lequel elles passaient, fortes de la sève aveugle dont déborde la vie.

Mais à quoi servaient les retours en arrière ?… Il fallait continuer le chemin, poussée brutalement par la fatalité…

Un fils allemand !… La phrase sonnait dans son cerveau comme un tintement de glas… et elle ne pouvait rien… rien… C’était la suite logique de son acte… Des pensées de suicide l’effleuraient… Tout plutôt que cette honte de voir, elle, Alsacienne, ses fils servir l’ennemi. Ses artères battaient ; elle en percevait les coups à ses tempes ; ils se répercutaient à travers son corps comme si un marteau invisible, mais inlassable, frappait son crâne.

Et sa faute lui parut inexpiable.

Le lendemain, Wilhelm alla chez les Bergmann.