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SUR LE SOL D’ALSACE

y aller, murmura le jeune homme tremblant.

— Je suis le seul juge dans cette question, trancha M. Ilstein. Il ne me plaît pas à moi que ce soit maintenant, et ma volonté prime…

— Papa… je t’en supplie, implora de nouveau Fritz, les lèvres décolorées.

L’insistance de son fils étonna M. Ilstein. Il s’expliqua soudain la souplesse des derniers jours. Un sourire flotta entre les paroles dont il le cingla :

— Tu y tiens trop, mon petit ami, pour que j’accède à ton désir… Tu n’iras pas en France… tu vas retourner à Carlsruhe reprendre tes études…

— Je n’irai pas ! cria Fritz, les yeux flamboyants de colère, tu es injuste !

— Je t’y conduirai moi-même…

— Je me sauverai !

— Je te ferai surveiller !

Les ripostes se croisaient comme des lames d’épée. Le ton de leurs voix s’élevait et attira l’attention de Louise qui sortait de sa chambre. Elle entra vivement dans la salle à manger où son mari lui désigna Fritz :

— Voilà toute la satisfaction que j’ai avec ton fils : l’insoumission, la révolte…