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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/240

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SUR LE SOL D’ALSACE

M. Ilstein enfin, parla :

— Ce « nous » est gros d’aveux… Je te conduirai cet après-midi même dans une maison plus sûre qu’ici, dit-il à Fritz… Quant à toi, Louise, je ne te félicite pas… le fils que tu m’as donné me fait honte…

Louise, à mots entrecoupés, d’une voix haletante et voilée, l’interrompit :

— Tu ne penses pas à la mienne, de honte… de me savoir un fils servant sous le drapeau allemand, moi… l’Alsacienne… dont le pays souffre au plus profond de son cœur sous votre domination…

— Tu as été heureuse cependant de l’accueillir, ce vainqueur despote, il y a vingt ans !… Tu étais moins rebelle alors !… Je t’ai trop gâtée…

— Mon père !… cria Fritz.

— Tu n’as rien à dire quand je parle, toi ! Va dans ta chambre et fais tes malles !…

Le jeune homme sortit.

M. Ilstein but une gorgée de café et dit en se levant :

— Je n’ai que trop discuté… J’ai oublié que