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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/242

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SUR LE SOL D’ALSACE

venait, trouvant la place de chaque objet, mais sans savoir, la plupart du temps, ce qu’elle tenait dans ses mains… Elle accomplissait ce travail insipide comme une roue tourne, poussée dans l’engrenage…

Soudain, une lueur irradia ses traits. Elle se tint immobile, avec un sourire sur les lèvres : elle avait enfin la certitude que Fritz était français !… Des larmes tombèrent de ses yeux pendant que des pensées d’allégresse enchantaient son âme… Les aïeux revivaient !… Ses vingt ans de remords n’étaient pas vains, puisque le sang valeureux se retrouvait. Louise se glorifiait d’autant plus de cette éclosion qu’elle ne l’avait pas préparée. Elle éclatait seule, comme le bourgeon s’ouvre au printemps, à l’arbre séculaire. Elle jaillissait comme une sève triomphante, malgré les frimas, malgré les embûches du temps !

L’orgueil s’empara d’elle à son tour ; une puissance étrange la raidit et, sur ses talons, hautement dressée, elle défia toute l’Allemagne !…

Son regard voyait au loin. Il traversait les brumes, les peuples, les temps !… Il s’arrêtait à