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SUR LE SOL D’ALSACE

une époque incertaine comme date, mais qu’elle sentait inéluctable comme toute revanche… Ce n’était pas la revanche brutale qui veut relever son amour-propre blessé, mais satisfaire sa dignité traînée dans l’offense… Elle apercevait des enfants comme Fritz, ceints de l’épée française, cette épée de 1789 brandie au service de la Liberté…

Un enthousiasme la transportait ; elle n’était plus seule… L’Idée qui vivifie lui tenait compagnie comme une amie fidèle… Elle murmurait des mots français, presque oubliés depuis son mariage… elle s’efforçait de les dire vite et se promit d’en apprendre beaucoup d’autres… Elle voulait être prête pour recevoir les Français dans sa demeure et leur souhaiter la bienvenue dans leur langue… sa langue…

On frappa à la porte… Elle se reprit et donna la réponse.

Fritz entra, et dans l’allemand le plus pur, il lui fit ses adieux…

La réalité parlait…

Une exclamation sortit de sa bouche crispée ; elle prit son fils dans ses bras et l’embrassa très