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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/244

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SUR LE SOL D’ALSACE

fort. Elle ne pouvait pas lui faire part des hallucinations qu’elle avait eues et que son arrivée avait fait fuir… Elle devait se taire jusqu’au bout, pour ne pas troubler l’enfant qui partait, le cœur lourd.

Fritz crut que sa mère, surexcitée par la scène du matin, ressentait plus de douleur de le voir s’en aller. Ainsi que Wilhelm, il eut les mêmes mots :

— Je reviendrai dans deux mois, à Noël…

Encore une fois, elle fut seule.

Novembre, décembre passèrent. Le vent secoua les arbres du parc. La neige entoura le château. Les sapins se dressaient hors de ce linceul immense droits, invincibles ; ils allongeaient leurs bras verts qui ployaient sous la neige gelée.

Les oiseaux se rapprochèrent des maisons et les corbeaux tournoyaient en bandes au-dessus du manoir ; leurs cris faisaient hurler les chiens. Louise passait son temps à écrire à ses fils, puis elle portait elle-même ses lettres à la poste de Saverne. Un chemin était frayé entre deux murailles blanches.